Jan / 24

Comment investir en bourse en 2022 ?

By / Pascal Faccendini /

L’année boursière avait très bien démarré, emportée par un consensus très positif. Tout le monde s’était engouffré dans des anticipations de 12 à 14 % (en moyenne) de progression des indices boursiers. Puis, très rapidement, des idées divergentes ont commencé à apparaître, et voilà qu’en l’espace d’une semaine, tout a basculé, tout est remis en cause. Alors, comment investir en bourse en 2022 ? Comment positionner son portefeuille boursier ?


Il n’y a pas de doute, de très bonnes perspectives économiques devraient faire progresser les indices boursiers. Mais dans un premier temps, nous allons devoir prendre en compte des éléments négatifs. L’incertitude concernant la pandémie reste présente, mais l’inflation ou la géopolitique font partie des risques qui déstabilisent les marchés à court terme.


L’inflation inquiète les places boursières

« La croissance américaine pour cette année pourrait être la meilleure depuis des décennies » indiquait Jamie Dimon, le PDG de JP Morgan sur CNBC dès les premiers jours de l’année. C’est en effet avec ce type d’anticipation boursière que l’année a démarré, tout du moins, jusqu’au 5 janvier.

Le mercredi 5 janvier à 20h00, ont été communiquées les « minutes du FOMC », c’est-à-dire, le détail des échanges lors de la dernière réunion de la Réserve Fédérale américaine. À la surprise générale, les marchés ont constaté que la teneur des discussions était beaucoup plus « restrictive » sur l’inflation et la remontée des taux d’intérêt que ne l’avaient escompté les intervenants jusqu’alors.


Le plan de relance américain remis en cause

Par conséquent, les anticipations de 15% de progression des indices boursiers ont fait place à la « Bidenflation » avec une inflation américaine au plus haut depuis 40 ans ! Les marchés ont commencé à réviser leurs anticipations, en prenant en compte un potentiel de hausse des taux de la FED plus important que prévu.

Mais ce contexte a fait apparaître un constat. Si une inflation est présente, et que l’on doit freiner la hausse des prix, pourquoi le gouvernement Biden doit-il injecter des masses colossales de liquidités dans l’économie ? C’est l’autre volet négatif que les marchés financiers doivent maintenant prendre en compte, alors que les plans de relance Biden étaient jusqu’à présent assurés. En résumé, la FED devient restrictive et retire de l’argent du marché, pendant que la relance budgétaire du gouvernement ne viendra pas. L’addition pour Wall Street est quand même un peu salée !


Les taux obligataires à la dérive

Même si les anticipations de hausse de taux sont peut-être un peu agressives, il semble néanmoins qu’un potentiel de remontée des taux longs (surtout aux États-Unis) ne soit pas encore achevé.

Par ailleurs, les économistes sont obligés de prendre en compte un risque de mauvaise surprise à venir. En effet, lorsque l’on aborde l’inflation, on fait référence à une perte de pouvoir d’achat. La dimension politique est évidente, et il est fort probable que les banques centrales soient amenées à faire de la politique. Elles vont accompagner la volonté des gouvernements, désireux de justifier cette défense du pouvoir d’achat. On pourrait donc assister à une surenchère néfaste pour l’économie et les marchés.

C’est en quelque sorte ce qui s’est déroulé lors de l’audition de Lael Brainard (démocrate, nommé par Jo Biden au rang de numéro 2 de la FED) devant le Sénat américain, dont les propos ont dû atterrer des économistes et ont aussitôt malmené les marchés.


Tant qu’un potentiel de remontée des taux obligataires reste présent, les marchés actions devraient rester volatils. Malgré tout, l’inflation ne devrait pas représenter une menace importante. En effet, la hausse des taux sera limitée, la position des banques centrales restera accommodante. La création monétaire va encore se poursuivre. D’ailleurs la banque centrale chinoise est en train d’abaisser ses taux directeurs.


La géopolitique

La géopolitique représente l’une des menaces les plus importantes. La Chine et la Russie figurent bien sûr en tête de liste du tableau. On pourrait presque considérer que nous n’avons aucun problème économique, mais qu’en revanche, la scène politique internationale est en ébullition et concentre la plupart des menaces.


En effet, l’inflation ne va pas nous perturber outre mesure. D’ici un ou deux trimestres, tout va rentrer dans l’ordre. Les taux d’intérêt vont rester accommodants, tous les états du monde en ont besoin. Ce contexte très favorable va permettre de financer des innovations de rupture fondamentales, liées au grand problème auquel nous sommes confrontés, comme le climat, l’énergie, etc., grâce à des innovations technologiques majeures.

La seule vraie notion d’instabilité reste la géopolitique. Premièrement, car les USA ont tendance à se replier sur eux-mêmes, mais également parce que les pôles ou plutôt les rapports de force dominants s’inversent. Le poids de la démographie va s’imposer au fil du temps, et déplacer la création de PIB vers des zones nouvelles. Les alliances vont bouger comme elles commencent à le faire, sous l’emprise de la Chine et de la Russie. Nous n’en sommes qu’au début et ce contexte s’impose déjà à nous.


Mais les actions offrent un très bon potentiel

Dans ce contexte « chargé » ou plutôt volatil, des opportunités sont pourtant bien présentes. D’ailleurs, si les marchés actions baissent, des points d’achat apparaissent sur des actions de qualité. C’est le constat que font les intervenants, ne trouvant aucune autre alternative « sérieuse et rentable » à l’investissement en actions.


La baisse des marchés représente surtout des opportunités

Comme nous pouvons l’observer en ce moment, le secteur qui est le plus malmené en bourse est celui des technologiques. À l’inverse, les « values » se comportent très bien et maintiennent encore un potentiel d’appréciation. La baisse des GAFAM va représenter une opportunité, mais dans un second temps, lorsque des taux obligataires US auront atteint leur plafond.

Les mots magiques comme Metaverse, Big Data, Blockchain ou Intelligence Artificielle n’ont pas disparu. Ces MegaTendances restent d’actualité et les valeurs concernées vont inévitablement rebondir.


À court terme, les marchés cherchent des valeurs défensives présentant notamment un Pricing Power important. Par ailleurs, il nous semble que les valeurs chinoises technologiques sont peut-être survendues, notamment au moment où la Chine commence à baisser ses taux d’intérêt.


L’énigme chinoise

Malgré le potentiel qu’offre ce pays, les valeurs chinoises ne progressent pas. Tous les économistes considèrent la Chine comme le futur leader mondial. La Chine a su créer des entreprises leaders, mais ces valeurs ne décollent pas.


La notion politique pèse considérablement en Chine, mais pas comme vous l’imaginez. En effet, tout démontre que la Chine ne souhaite pas vraiment s’affronter aux États-Unis, tout simplement parce qu’elle n’en a pas besoin ! Ce serait pour elle du temps et de l’argent employés à pure perte. Si elle applique simplement son programme de développement de progression du pouvoir d’achat des ménages, « sa stratégie de qualité », elle va mécaniquement devenir Leader mondiale, devant les États-Unis.

L’Amérique ne peut que retarder cette échéance, mais pas l’annuler. Par conséquent, l’idée largement développée d’une Chine agressive et belliqueuse, instaurée à grands coups de lobby américain, ne tient pas vraiment. L’Amérique retarde les investissements qui devraient se faire en Chine au profit de Wall Street, mais pour combien de temps encore ?


Avoir des actions chinoises en portefeuille résonne comme une évidence. L’évolution des indices locaux a du potentiel, et les entreprises cotées sont attractives. Le timing d’investissement reste bien sûr à déterminer, mais le potentiel est bien présent.


Le pricing power

Dans une période de remontée des taux, l’argent coûte plus cher ! C’est une évidence, mais il faut le rappeler afin de préciser pourquoi les valeurs technologiques baissent. En effet, ces valeurs de croissance consomment du cash, investissent énormément, sans être pour certaines réellement rentables.

C’est donc cette rentabilité qui est recherchée avant tout. Quelles vont être les sociétés qui ont suffisamment de Pricing Power pour imposer leur vision, mais surtout une hausse des prix à leurs clients. À l’inverse, un manque de Pricing Power va affecter la rentabilité, car se répercuter sur les marges et va les faire baisser.


Par conséquent, les marchés ne vont pas regarder réellement des secteurs (même si certains devraient être plus favorisés, comme les pharmaceutiques, une partie des valeurs du luxe ou les jeux vidéo par exemple) mais plutôt chaque société au cas par cas pour trouver « les pépites ». C’est un peu comme si on arrêtait de raisonner Macroéconomie, pour se concentrer sur la Microéconomie.

Cela revient à dire également que le trading boursier a toutes les chances de retrouver ses lettres de noblesse, tout du moins à court terme, pendant que les taux américains remontent.

Dans un deuxième temps, les valeurs technologiques vont assurément retrouver tout leur potentiel de progression, mais nous y reviendrons.

En résumé, l’année démarre mal si vous êtes lourdement investi sur des valeurs technologiques. Si vous n’en avez pas ou peu, réjouissez-vous, votre « heure » approche.


Tant que la menace de l’inflation (qui est globalement un faux problème) alimente des tensions sur les marchés obligataires, il est prudent de maintenir du cash. Mais il n’y a pas de réelle alternative à l’investissement en action. Par conséquent, les marchés vont rebondir, surtout que la position globale mondiale des banques centrales reste et restera accommodante.


Nous serions bien sûr ravis de préciser et développer ces constats avec vous. Par conséquent, n’hésitez pas à nous contacter. À suivre…


© photos : Linus Nylund

Categories : Economie, H, Marché financier
Pascal Faccendini