Sep / 28

L’hydrogène, véritable énergie d’avenir ou pur fantasme ?

By / Pascal Faccendini /

L’hydrogène…, c’est sûr, c’est l’énergie gagnante de demain. Elle ne pollue pas, elle est inépuisable… En résumé, c’est la solution idéale à nos problèmes énergétiques. Vraiment, vous y croyez réellement ? Un peu trop simple vous ne trouvez pas ?


Les technologies de l’hydrogène sont anciennes puisque « l’effet pile à combustible » a été découvert dès 1839 par le chimiste allemand Christian Schönbein. Depuis les années 1960, l’hydrogène est régulièrement envisagé pour remplacer les hydrocarbures. Mais dès que l’on aborde cette solution « prometteuse », on est immédiatement confronté à un petit détail.

En effet, le prix des émissions de CO2 est le principal déterminant de sa future utilisation. Il faut bien comprendre que plus de 90% de la production d’hydrogène est faite actuellement à partir de gaz et de charbon, donc très carbonée. Non, l’hydrogène n’est pas, pour le moment, une solution « verte » pour lutter contre les émissions de CO2.


Néanmoins, un point de bascule « beaucoup plus durable » est en train d’apparaître, avec l’arrivée d’innovations technologiques (l’électrolyse de l’eau à partir d’énergie renouvelable) « beaucoup plus vertes », sur un horizon de temps raisonnable.

Hélas, dans l’immédiat et pour encore quelques 10e d’années, l’hydrogène reste coincé dans une équation macroéconomique qui lui est défavorable. Son développement est étroitement lié au prix des émissions de CO2.

Pour que les technologies de l’hydrogène les plus vertueuses en termes de climat (électrolyse et piles à combustible) soient rentables, il faudrait que l’on arrive à un prix d’émissions de CO2 avoisinant les 100 €/t. Les prix du carbone EU ETS sont aujourd’hui proches d’une stabilisation autour de 25 €/t.


Dans ce contexte, si nos politiques cherchaient à faire monter le prix du CO2 à 100 €/t, les prix de l’électricité suivraient cette hausse et atteindraient un niveau qui pénaliserait toute l’industrie européenne. Elle perdrait irrémédiablement en compétitivité face aux industries américaines et chinoises qui bénéficieraient, quant à elles, de prix de l’électricité plus compétitif.

Ce ne serait qu’à partir de 2030 que l’hydrogène pourrait connaître un déploiement massif. En effet, jusqu’en 2030, l’Union européenne dispose en réalité de peu de moyens, ou plutôt de solutions tangibles pour décarboner son économie. Ce n’est vraiment que si l’UE met en place le paquet énergie-climat 2030-2040 que l’on aura besoin d’actionner d’autres leviers pour amplifier le « verdissement » du mix énergétique européen.


D’ici 2030, les États membres ne pourraient œuvrer que symboliquement pour influencer les prix du CO2, mais pas suffisamment pour rendre nécessaire le déploiement massif de solutions décarbonées comme l’hydrogène. Pour ces raisons, le signal économique ne sera vraisemblablement pas suffisant d’ici 2030.

Par conséquent, il est probable que l’hydrogène, malgré des technologies prêtes, n’en reste qu’à ses balbutiements pendant encore une bonne dizaine d’années. De toute façon et d’ici là, les industriels et la population européenne ne seraient pas en capacité d’accepter une inflation galopante engendrée par la hausse du coût des émissions de CO2.

Et le Green Deal européen dans tout ça ?

La Commission européenne a dévoilé sa stratégie hydrogène. Elle s’inscrit dans le cadre du Green Deal et l’objectif de neutralité carbone à horizon 2050. Cette stratégie ambitieuse devrait diriger vers l’hydrogène des investissements massifs de l’ordre de 180-470 Md€ à l’horizon 2050.

La stratégie européenne dans l’hydrogène doit se développer en trois phases :

1/ De 2020 à 2024, elle doit atteindre au moins 6 GW d’électrolyseurs d’hydrogène renouvelable dans l’UE et produire jusqu’à 1 MtH2 vert…, c’est très ambitieux !

2/ De 2025 à 2030, l’hydrogène doit devenir « une partie intrinsèque d’un système énergétique intégré » avec l’objectif stratégique d’installer au moins 40 GW d’électrolyseurs d’hydrogène renouvelable et produire d’ici 2030 10 MtH2 verts. C’est là encore un objectif ambitieux.

3/ De 2030 à 2050, les technologies de l’hydrogène renouvelable « devraient arriver à maturité » et être déployées à grande échelle.

Mais alors, on investit sur l’hydrogène ou on attend ?

Le Green Deal est lancé et le plan de relance du gouvernement consacre des montants importants sur la filière hydrogène. Par conséquent, la question liée à ce contexte consiste à savoir quels sont les titres qui peuvent en bénéficier et quels sont leurs niveaux de valorisation. C’est ici que les plus grosses surprises apparaissent.


Le seul marché réellement opérationnel aujourd’hui est l’industrie (proche de 75% de son utilisation). L’hydrogène est principalement utilisé dans la chimie et le raffinage. Pourtant, l’engouement médiatique se situe plutôt autour de la mobilité dont le caractère « propre », fait l’objet de beaucoup de fantasmes, plutôt justifiés dans certains cas.

Hormis les pure players de l’électrolyse, c’est du côté des « utilities » que l’on trouve les meilleurs dossiers et les plus « immédiats ». En revanche, les secteurs « oil & gas » et celui du gaz industriel bottent en touche pour le moment et ne doivent pas retenir notre attention sur cet aspect des choses.


Pour aller plus en avant sur les détails de ce marché, ou pour plus d’info, c’est très simple. Contactez-nous, on vous dit tout…, à suivre…


© photos : SH Ron

Categories : Economie, H, Marché financier
Pascal Faccendini