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Conflit Iran-Israël, deux Scénarios, mais peu de risque d'intervention Américaine Immédiate.

  • Photo du rédacteur: Pascal
    Pascal
  • 20 juin
  • 6 min de lecture

Les tambours de la guerre résonnent à nouveau au Moyen-Orient, et avec eux, l'écho familier de l'incertitude sur les marchés financiers. La récente escalade des tensions entre Israël et l'Iran a ravivé les craintes d'un embrasement régional aux conséquences potentiellement dévastatrices. Face à ce regain de volatilité, une question brulante se pose aux investisseurs : quel scénario suivre ?


La grande incertitude des marchés.

Nous voilà plongés au cœur d'une crise géopolitique majeure. Le conflit israélo-iranien, longtemps larvé, a franchi un nouveau palier avec des échanges directs qui ont secoué la région et, par ricochet, les places financières mondiales.

Il convient d'analyser avec lucidité les scénarios qui se dessinent et, surtout, de comprendre pourquoi une intervention militaire américaine directe, bien que toujours possible, ne semble pas être l'option privilégiée à court terme. C'est en décryptant cette dynamique complexe que nous pourrons ajuster au mieux nos stratégies d'investissements.


Analyse des scénarios, entre désescalade contrôlée et risque d'embrasement.

Nous sommes face à deux trajectoires principales pour ce conflit, chacune avec ses implications distinctes :


  1. Le Scénario de Base : Désescalade et voie diplomatique (Notre Hypothèse Privilégiée).

Ce scénario, que nous jugeons le plus probable, table sur une confrontation qui resterait circonscrite. Les efforts diplomatiques, intenses en coulisses, finiraient par porter leurs fruits, permettant une désescalade progressive. L'Iran, désireux d'obtenir une levée des sanctions occidentales, pourrait être incité à la négociation. De leur côté, les puissances occidentales et la Chine chercheraient à préserver la stabilité des prix de l'énergie.

  • Implications macroéconomiques : Relativement mineures. L'attention des banques centrales resterait focalisée sur l'inflation sous-jacente, reflétant la dynamique réelle de la demande plutôt que les chocs d'offre pétroliers, souvent transitoires.

  • Marchés Financiers :

    • Actions : Potentiel haussier maintenu, soutenu par la croissance des bénéfices. Nos préférences sectorielles pour les services de communication et les matériaux resteraient d'actualité, avec une sous-pondération prudente des biens de consommation courante et de l'énergie (une fois les craintes apaisées).

    • Obligations : Consolidation des rendements du Trésor américain avant un retour à une tendance baissière. Les spreads de crédit se resserreraient. Une surpondération des emprunts gouvernementaux et du crédit de qualité offrirait une protection.

    • Matières Premières : Le pétrole (Brent) pourrait connaître une volatilité provisoire avant de se stabiliser autour de notre objectif de 58 USD/baril à 12 mois (contre 72-73 USD actuellement), à mesure que les craintes de perturbation s'estompent. L'OPEP+ a la capacité d'augmenter sa production pour compenser une éventuelle baisse de l'offre iranienne (estimée à 3,3 millions de barils/jour, avec une baisse potentielle de 1,5-2 Mb/j en cas de crise, soit environ 1,5% de la production mondiale). L'or, après avoir joué son rôle de refuge, pourrait se consolider et sous-performer les marchés actions.

  • Réaction historique : Les conflits régionaux récents ont eu un impact de court terme, les marchés revenant généralement à leurs tendances dominantes en une quinzaine de jours.


  1. Le Scénario du Risque : Escalade et Extension du Conflit (moins probable, mais à surveiller).

Bien que moins probable, une escalade ne peut être exclue. Une implication accrue des États-Unis, par exemple suite à une attaque contre des actifs américains ou une tentative iranienne d'entraver le trafic dans le détroit d'Ormuz (par où transitent environ 20% des échanges pétroliers mondiaux et qui est la principale source de revenus de l'Iran), pourrait déclencher une spirale dangereuse. Un blocus du détroit d'Ormuz pourrait propulser le Brent au-delà de 100 USD/baril, voire 80-90 USD en cas de perturbation moins sévère.

  • Implications macroéconomiques : Impact significatif. Une hausse durable du brut de 20-30% pourrait freiner la croissance mondiale de 0,5% à 1,0% et augmenter l'inflation globale.

  • Marchés Financiers :

    • Actions : Risques baissiers importants.

    • Obligations : Fuite vers la qualité, baisse des rendements souverains (hors inflation).

    • Matières Premières : Flambée du pétrole et de l'or.

  • Politique monétaire : Les banques centrales, bien que généralement réticentes à réagir aux chocs pétroliers considérés comme liés à l'offre, pourraient être contraintes de reconsidérer leur position si l'inflation s'emballait durablement.

 

L'équation américaine, pourquoi Washington temporise ?

La question d'une intervention militaire américaine est centrale. Actuellement, plusieurs facteurs militent en faveur d'une temporisation de la part de Washington :

  1. Observer l'attitude de l'Iran sur le nucléaire : avant d'engager les États-Unis dans un nouveau conflit coûteux, l'administration américaine souhaiterait voir si la pression actuelle (diplomatique et économique) suffit à faire reculer Téhéran sur son programme nucléaire. L'espoir est que l'Iran fasse des concessions significatives.

  2. Maintenir la pression diplomatique et l'effet dissuasif : des avertissements fermes, publics et privés, sont émis. L'objectif est de maintenir une "incertitude constructive", laissant planer la menace d'une riposte sévère en cas de franchissement de lignes rouges (enrichissement d'uranium à des niveaux critiques, attaques contre des intérêts américains ou israéliens) pour maximiser l'effet dissuasif sans pour autant s'engager prématurément.

  3. Prendre acte des divisions internes et des alliances : aux États-Unis, une partie de l'électorat prône le non-interventionnisme ("America First"), tandis qu'un autre courant, plus pro-israélien, pousserait à une action ferme. Il faut aussi composer avec la pression des alliés, notamment Israël, tout en évaluant les risques d'un embrasement régional.

  4. Évaluer l'absence de percée diplomatique : Un ultimatum de fait, comme celui de "deux semaines" évoquées par Washington vendredi main pour que M. Trump prenne une décision, peut être une manière de gagner du temps et de donner une dernière chance à la diplomatie. L'absence de progrès tangible sur ce front, combinée à une dégradation de la situation sur le terrain, rendrait le choix plus difficile, mais la temporisation évite d'apparaître comme le faucon qui précipite la guerre.

  5. Considérer les risques et les options militaires : toute intervention directe contre l'Iran aurait des conséquences régionales imprévisibles. Les options vont de frappes ciblées coordonnées avec Israël à un engagement plus large. Garder toutes les options ouvertes est une stratégie classique.


Les marchés ont d'ailleurs salué cette temporisation. L'annonce que Donald Trump se donnerait "deux semaines" pour décider d'une éventuelle intervention a soulagé les investisseurs, entraînant une détente sur les cours du pétrole et une légère reprise des Bourses. Cela suggère une "forte possibilité" de négociations.


Les efforts diplomatiques en coulisses.

Une rencontre à Genève vendredi 20 juin (la rencontre de la dernière chance) entre les ministres des Affaires étrangères européennes (Allemagne, France, Royaume-Uni), la cheffe de la diplomatie européenne, et leur homologue iranien.

  • Objectifs européens : relancer les discussions sur le nucléaire iranien (garanties d'usage civil), éviter une escalade régionale, proposer une solution diplomatique. Ce serait une "réunion de la dernière chance" pour éviter un embrasement et une politique de "pression maximale" américaine.

  • Attentes : Convaincre l'Iran de revenir à la table des négociations, d'accepter des contrôles plus stricts. L'Iran chercherait à éviter l'isolement total et à arrondir les angles.L'issue dépendrait de la capacité à trouver un compromis sur le nucléaire et à désamorcer les tensions.

L’incident grave, du bombardement de l'hôpital Soroka à Beer-Sheva par un missile iranien le 19 juin 2025, complique dramatiquement cette négociation. Il contraint les Européens à durcir le ton.


L'Isolement relatif de l'Iran.

Sur le plan stratégique, l'Iran apparaît relativement isolé. Aucun allié majeur ne semble prêt à un soutien militaire direct contre Israël. La Russie et la Chine, bien que condamnant les frappes israéliennes et appelant à une solution diplomatique, privilégient la stabilité régionale et leurs propres intérêts.

  • Chine : Partenaire économique et énergétique majeur, mais prônant la prudence et la médiation, tout en maintenant des liens avec Israël.

  • Russie : Médiateur ambivalent, cherchant à tirer avantage de l'isolement iranien pour ses propres intérêts énergétiques et géopolitique, sans volonté ni moyens d'intervention militaire directe.

  • Pays du Golfe : Voient d'un bon œil l'affaiblissement de leur rival régional et restent à l'écart du conflit, préférant que les États-Unis gèrent la pression.L'Iran conserve une capacité de nuisance régionale (missiles, réseaux de proxys), mais celle-ci est affaiblie et ne constitue pas un soutien stratégique décisif dans la confrontation actuelle.


Conclusion, entre vigilance et stratégie adaptée.

Nous sommes confrontés à une situation géopolitique complexe et volatile, où le moindre incident peut avoir des répercussions significatives sur les marchés.Notre analyse, corroborée par les réactions mesurées des marchés et les dynamiques politiques en jeu, suggère que le scénario d'une désescalade contrôlée reste le plus probable. Une intervention militaire américaine d'envergure ne semble pas imminente, Washington privilégiant pour l'heure la pression diplomatique et la dissuasion.Si la prudence reste de mise, notre positionnement de portefeuille actuel maintient une exposition au risque équilibrée avec un potentiel haussier pour les actions, semble pertinente. Nous restons attentifs à l'évolution de la situation et ajusterons nos allocations si les perspectives venaient à changer radicalement, notamment si le scénario du risque – celui d'une escalade généralisée – gagnait en probabilité.

Pour l'heure, les fondamentaux économiques et la capacité des acteurs internationaux à privilégier la raison devraient. À suivre...

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