1929 - États-Unis. Le Krach de Wall Street.

Les crises boursières.

Le Krach de Wall Street.

Le 24 octobre 1929, la bourse de New York connaît un krach sans précédent. Il est le point de départ d’une crise financière et d’une décennie de marasme mondial, qui débouche à terme sur la Seconde Guerre mondiale. 

Grands vainqueurs de la Grande Guerre, les États-Unis sont, dans les années 1920, en pleine croissance. Dès 1917 et leur entrée dans le conflit, l’économie de guerre a en effet entraîné une forte production ainsi qu’une consommation soutenue. Au sortir du conflit, la consommation s’intensifie encore, car la société américaine s’émancipe et se libère des contraintes que les événements lui avait imposées. Cette période porte le nom des « années folles ». Les secteurs de l’électroménager ou des produits d’équipement sont en plein essor. Le contexte agricole est le seul petit point noir, car les producteurs doivent faire face à des baisses des prix de vente, tout en devant acheter des machines qui coûtent pour la plupart très chères. Mais, cette crise agricole n’est pas véritablement un problème, puisqu’en réalité l’économie repose sur deux autres piliers :

- la spéculation boursière, qui est au cœur de l’activité économique. La bourse permet à n’importe qui d’amasser des fortunes colossales en un rien de temps. L’activité à Wall Street est très intense ; c’est une véritable euphorie financière.
- le crédit bancaire, qui est très facilement accessible. On emprunte pour acheter une maison et la meubler, mais également pour investir en bourse, puisqu’à Wall Street, il est possible d’acheter des actions à crédit. Ainsi, les plus petits investisseurs et spéculateurs achètent à crédit, et remboursent ces crédits lorsque le cours des actions monte. 

Ce système est très fragile : d’ailleurs, dès 1928, certains commencent à alerter sur les dangers d’une telle frénésie (c’est le cas du cabinet Charles Merrill, qui deviendra la grande banque Merrill Lynch). Ces alertes, même si elles ne sont pas écoutées, sont pourtant pleine de bon sens. La spéculation est bien déconnectée des réalités économiques : le but des investisseurs n’est plus d’investir dans les actions de telle ou telle entreprise, et d’attendre pour en avoir les bénéfices sur du long terme. Le but est désormais d’acheter à très bas prix, pour revendre au plus haut, et le plus vite possible afin de réaliser un bénéfice substantiel. Ainsi, les cours montent, sans s’appuyer sur des raisons fondamentales, mais simplement parce que les transactions sont totalement débridées. Une bulle financière est en train de gonfler.

Au début de l’année 1929, la croissance commence à stagner. Tous les financements passent dans les investissements boursiers ; plus personne ne finance l’économie réelle, dont la production baisse de 7%.  

De plus, les relations financières mondiales sont fragiles. Les pays européens ont de grandes difficultés à se relever de la Première Guerre mondiale. L’Allemagne fait face depuis 1923 à une hyperinflation. La France et l’Angleterre sont ruinées et font face au même défi : rétablir la convertibilité de leur monnaie en or. La France, sous le gouvernement de Raymond Poincaré, y réussit brillamment en 1928 grâce à une dévaluation risquée : le franc germinal (monnaie de l’époque) perd 4/5ème de sa valeur.  

L’Angleterre de son côté n’y parvient pas. La fin de la guerre entraîne une baisse du budget militaire et provoque une grosse déflation. La monnaie anglaise est constamment dévaluée. Pour retrouver une parité en or, le gouvernement entreprend une politique de taux d’intérêt élevés. Mais un évènement inattendu vient anéantir cette stratégie.

Le 20 septembre 1929, le holding londonien Hatry fait faillite. Clarence Hatry, son fondateur, avait en effet réalisé des actions frauduleuses dans le cadre de l’euphorie spéculative. Il est arrêté et jugé.
Cette affaire a une grande répercussion, d’une part aux États-Unis, puisque C. Hatry avait créé des sociétés fictives avec l’aide de banques américaines, qui se voient dans l’obligation de rembourser des sommes importantes. D’autre part, inquiets en raison de la faillite Hatry, les investisseurs quittent l’Angleterre. La Banque d’Angleterre décide alors de relever ses taux d’escompte pour attirer à nouveau des investisseurs. Les capitaux quittent petit à petit New York pour Londres et les cours, début octobre, commencent à se stabiliser.  

Les plus gros investisseurs voient en ce ralentissement une véritable alerte : puisque la croissance s’éloigne, et qu’il semble peu probable qu’elle revienne rapidement, il vaut mieux vendre pendant que les cours sont encore hauts, et empocher une belle plus-value. Entre le 18 et le 23 octobre, cette stratégie est mise en place, et le 24 octobre, tous les gros investisseurs stoppent leurs achats et se mettent à vendre. Pris de panique, tout le monde les suit : plus personne n’achète, tout le monde vend. Or, comme le volume de vente est très important, les prix des actions s’effondrent littéralement.
C’est le jeudi noir (« black Thursday »). Wall Street connait un triste record : 13 millions de titres sont vendus, et les cours des actions atteignent leur plus bas avec une chute de 22%. Pour sauver la situation, les banques décident de soutenir les cours des actions en achetant pour 12,4 millions de titres. Cela fait remonter la demande, et les cours à la clôture du soir ne baissent finalement que de 2%. Ils sont même stables les deux jours qui suivent. Mais, le 29 octobre, le mardi noir, c’est un nouveau record battu à New York avec 16 millions de titres vendus en une journée. Les investisseurs qui avaient acheté à crédit sont contraints de vendre leurs titres afin de rembourser leurs énormes dettes. Cette fois, les banques ne peuvent pas intervenir, et la crise financière débute dans tout le pays…  

Cette crise financière qui paralyse Wall Street se transforme rapidement en crise économique. Les particuliers se retrouvent sans argent et la consommation baisse considérablement. Les banques cessent de donner des crédits. Les entreprises, ne pouvant plus emprunter pour couvrir leurs dettes, licencient ou font faillite. C’est le cas du célèbre producteur automobile, Henry Ford, qui licencie les deux tiers de ses employés. Plus personne n’embauche et le chômage augmente considérablement. Les gens quittent les villes pour essayer de trouver n’importe quel travail à la campagne, ce qui accentue la baisse des ventes des commerçants urbains. Nouveau rebondissement, la crise devient bancaire.
En effet, les banques ne sont plus remboursées par les emprunteurs, qui sont en faillites. Les épargnants ruinés retirent les dépôts qu’ils avaient constitués auprès des banques, et celles-ci se retrouvent vite à court d’argent. La Banque centrale américaine (FED, créée en 1913), censée venir en aide aux banques, n’en fait rien et c’est au tour des banques de déposer le bilan. Le pays perd au total 30 milliards de dollars !

 En raison du poids économique des États-Unis -  ils représentent 45 % de la production industrielle mondiale - la crise se propage au monde entier. Les investissements réalisés à New York sont rapatriés. Le commerce international est ralenti et deux tiers des échanges sont stoppés. Les États se replient sur eux-mêmes avec des politiques protectionnistes qui limitent le commerce et aboutissent à une baisse des exportations. Enfin, La production baisse et provoque une nouvelle hausse du chômage. Seule l’URSS n’entre pas en crise car son système économique est très diffèrent. Les conséquences sont presque immédiates en Europe : la crise en Allemagne, causée par une hyperinflation, est aggravée ; Hitler est porté au pouvoir (3% des voix en 28, 37% en 32, un an avant sa nomination en tant que chancelier). Le monde entre en dépression jusqu’en 1939 ; les historiens nomment cette période « La Grande Dépression ».  

Les États vont alors essayer de sortir de la crise en prenant des mesures fortes. C’est le cas aux États-Unis avec la mise en place de la politique interventionniste du New Deal, décidée par le président Franklin Delano Roosevelt. Cette politique a pour ambition de relancer le pouvoir d’achat, en offrant de l’emploi (politique des « grands travaux »), tout en stabilisant le dollar. Cependant, aucune solution n’est trouvée à temps pour enrayer la montée du nazisme et bientôt, les relations internationales se dégradent de plus en plus. Le monde plonge alors dans la Deuxième Guerre mondiale…  
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