Début de la Révolution française.
En 1788, la France vit une grave crise économique et financière. Elle se transforme en crise politique lorsque le peuple se révolte contre « le pouvoir », incapable de prendre des mesures efficaces pour sauver le pays d’une déroute financière. Cette crise est à l’origine du déclenchement de la Révolution française.
Depuis des décennies, l’État s’est lourdement endetté. La guerre des sept ans ainsi que l’aide apportée aux jeunes États-Unis pendant leur guerre d’indépendance contre l’Angleterre (1775-1783), l’a effectivement conduit à réaliser de très grosses dépenses. Par ailleurs, l’agriculture, fleuron de l’économie française, se porte mal. Les conditions climatiques des années antérieures ont rendu la semée impossible et les récoltes ont été pour la plupart désastreuses.
L’État décide alors de mettre en place un système de rentes viagères. Des investisseurs particuliers donnent à l’État une somme d’argent ; en échange, ils perçoivent un taux d’intérêt annuel. Ainsi, des personnes d’âges mûrs bénéficient d’un revenu sûr et l’État, d’argent frais. La rente, quant à elle, s’efface à la mort du rentier. Un dysfonctionnement peut se produire si l’investisseur vit trop longtemps, il fait alors perdre de l’argent à l’État. Ces rentes viagères ne sont juridiquement pas encadrées comme elles le devraient. Les banquiers suisses vont profiter de cette faille pour proposer à leurs clients cet investissement synonyme d’un revenu garanti sur du long terme. Et c’est ainsi qu’ils vont déposer des capitaux sur ces rentes viagères, aux noms de personnes dont l’espérance de vie est très longue pour l’époque (statistiques non existantes en France). Il s’agit de jeunes filles, âgées tout au plus de 5 ans, issues de milieux aisés. Les investisseurs rentabilisent leurs investissements au bout d’une décennie, et disposent pour une longue période de revenus annuels sur le compte du Trésor français. Voyant le succès de ces rentes, de nouvelles techniques sont inventées cherchant à minimiser au maximum les risques. À titre d’exemple, la technique des « trente immortelles » consiste à diviser la rente sur trente jeunes filles. Si l’une d’elles disparaît, la perte n’est que d’un trentième. Ce système se transforme en véritable bulle financière qui s’amplifie. À l’époque, personne ne peut imaginer qu’un pays comme la France risque une banqueroute ; le risque structurel semble inexistant.
Mais, dès 1780, la dette de la France est devenue si importante que le roi ne voit plus de solutions. Les caisses du Trésor français sont presque vides. La Caisse d’Escompte, créée en 1776, et qui avait pour but de faire baisser les taux d’intérêt afin de fluidifier les échanges, s’effondre à son tour. La crise frappe violemment la France en 1788, et le 8 août, le roi Louis XVI décide de convoquer les États généraux (rassemblement de tous les députés du Clergé, de la Noblesse et du Tiers-État) afin de trouver des solutions à la situation catastrophique du pays.
La suite est bien connue. La situation économique ronge le pays, le peuple se révolte, jugeant inefficaces les actions de l’État. La Révolution française engendrera un bouleversement politique et social sans précédent.
