1966 - États-Unis. Le « crédit crunch » de 1966.

Les crises boursières.

« Crédit crunch »

En 1966, les États-Unis connaissent le premier grand « Crédit Crunch » depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. De forte ampleur, il nécessite l’intervention de la Réserve fédérale américaine (la Fed).  

Les années 1960, sous la présidence de Lyndon B. Johnson, représentent une période particulière pour les États-Unis. Le pays s’embourbe dans le conflit du Vietnam et dans le plus grand mécontentement de la société, de nombreux soldats sont envoyés sur les fronts en Asie. En parallèle, les mentalités changent : naissance du mouvement hippie, intensification de la lutte pour les droits des noirs, etc.
L’économie est en pleine ébullition. Le chômage est inférieur à 4 %. La production est forte, les entreprises sont à leur pleine capacité. Tout cela crée un schéma d’optimisme. Les épargnants et investisseurs sont de plus en plus nombreux, les banques investissent notamment dans des obligations à haut rendement ou des « Municipals Bonds » afin d’optimiser le rendement de leurs portefeuilles d’investissements. 

En 1962, le dépôt à taux négociables est introduit. Il permet aux banques d’offrir de meilleurs taux d’intérêt aux épargnants. Cela provoque une hausse de l’épargne. Les banques disposent ainsi de plus d’argent frais et peuvent donc envisager de distribuer plus de crédits. Les crédits sont par conséquent de plus en plus facilement octroyés, et les prêts bancaires finissent par exploser entre 1962 et 1966. Durant ces quatre années, leur diffusion progresse de 13% par an. Dans le milieu bancaire, on parle alors de la vieille recette du 3-6-3…, c'est-à-dire : « payer 3% aux épargnants, charger les emprunteurs à 6%..., et taper la balle de golf sur le terrain à 3 heures de l’après-midi ».
L’argent coule à flots, l’Amérique enregistre une forte activité économique, ce qui pousse les prix à la hausse. L’inflation est maîtrisée, jusqu’au moment où elle échappe à tout contrôle.Sur les neuf premiers mois de 1966, l’évolution des prix passe de 1,7 % à 3,7 % en rythme annuel. Les taux de la Fed suivent ce mouvement et passent de moins de 2 % en 1961 à 5,75 % en 1966. Pour réguler l’économie, la Fed utilise la « Regulation Q » qui permet de plafonner à 5,5 % les taux d’intérêt des banques.
Certaines banques régionales ou de plus petites tailles ne disposent pas de ressources abondantes reposant sur l’épargne de leurs clients et ne disposent pas de réserves suffisantes pour investir dans des obligations à haut rendement. Elles rentrent par conséquent dans un contexte négatif qui ronge leurs marges. Les banques régionales par exemple se retrouvent à court de fonds propres et ne peuvent plus prêter..., l’économie commence à se dérégler. 

La Fed est obligée d’intervenir. Elle décide de financer les banques en leur octroyant des prêts, à la seule condition qu’elles investissent davantage dans le marché des obligations à haut rendement et dans les Municipal bonds. Intervenue à temps, la Fed évite la récession qui est également contrée par l’activité liée à la guerre du Vietnam.
En somme, la crise bancaire de 1966 n’est pas une crise de grande ampleur. Mais, elle est considérée comme la première dans son genre, la première crise moderne, dont le schéma se répétera en 1969 et 1974.
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