1720 France : crise financière et fin du système de Law.

Les crises boursières.

la fin du système de Law.

La crise financière française de 1720 est provoquée par la chute du système de Law et l’éclatement d’une bulle spéculative.

Le système de Law, très en avance sur son temps, est l’invention de John Law. Il est un dandy écossais et un brillant mathématicien. Son objectif ? Simplifier les paiements alors basés sur des métaux précieux, seule monnaie en circulation à l’époque, rendant les transactions longues et compliquées. Selon Law, si la monnaie pouvait être constituée de « billets à valeurs » (l’équivalent de nos billets de banque actuels), il y aurait plus de monnaie en circulation, car les paiements seraient facilités et leur nombre pourraient augmenter, engendrant au final plus de croissance. Ce système permettrait de régler le problème des grandes puissances européennes qui n’ont pas assez de monnaie en circulation pour soutenir la croissance de leur économie.

Voyageant de Londres à Venise, il propose, sans succès, ce nouveau système. Il lui faut attendre la mort de Louis XIV en 1715. En effet, le roi, se montrait très intéressé par les travaux de Law, tout comme le régent Philippe duc d’Orléans qui lui succède. Le régent voit en Law et en son système le moyen de sortir la France du marasme dans lequel le règne du Roi-Soleil l’a plongée. Cette conviction est renforcée par l’analyse de John Law sur les deux crises qui malmènent la France des années 1710 : l’une financière, car l’État est dans l’incapacité de rembourser sa dette publique, et l’autre monétaire, car il y a ce problème de rareté de monnaie en circulation.

En 1716, Law obtient l’accord du régent pour créer la Banque générale, une banque privée qu’il dirige. Celle-ci émet dès lors des billets, convertibles en or et en argent. Puis, en août 1717, le régent l’autorise à relancer la Compagnie d’Occident. Cela va permettre, d’une part d’avoir le monopole sur le commerce avec l’Amérique du Nord, notamment avec la Louisiane française (très vaste colonie regroupant une 15ed’états et formant un territoire de près de 3 millions de km2), mais également d’éponger une partie de la dette à court terme du gouvernement. En effet, le capital de la Compagnie peut être acheté avec des billets d’État, soit l’équivalent de la dette du gouvernement. 300 000 actions sont donc mise ssur le marché en plusieurs étapes, permettant de racheter 100 millions de livres de billets d’État. Law entreprend même d’agrandir la Compagnie d’Occident en y rattachant celle des Indes orientales et celle de la Chine pour la rendre encore plus attrayante. La Compagnie de l’Occident devient alors la Compagnie du Mississippi. Le cours des actions grimpe rapidement : le cours des « mères » (premières vagues d’actions mises sur le marché) passe de 150 livres à la création de la banque, à 5 000 livres le 4 septembre 1717 et jusqu’à 10 000 livres en 1719. Toutes les actions suivent la même tendance.

Pour calmer l’hystérie spéculative des investisseurs, Law introduit la « prime » en janvier 1720, qui peut s’apparenter à une option (produit financier offrant un effet de levier) d’aujourd’hui.Il est ainsi possible d’investir dans une action à un prix égal ou inférieur à 10 000 livres, grâce à un dépôt de garantie de 1 000 livres. Le but premier est de stabiliser la flambée des prix autour de 10 000 livres. Mais dans les faits, il se passe tout l’inverse quand les investisseurs se tournent davantage vers ces nouveaux outils financiers afin de spéculer de plus belle (par exemple, en vendant un titre à 1 0 000 livres, ils peuvent acheter 10 primes, et donc 10 nouvelles actions). Ce système dont il est lui-même le créateur lui échappe totalement.

‍Pour tenter de remettre un peu d’ordre, John Lawouvre en 1719 des bureaux de transactions (d’achats et de ventes de titres,l’équivalent de sociétés de bourse ou brokers actuels). En parallèle et afin de maintenir artificiellement le cours des actions, la Compagnie rachète pour 800 millions de ses propres titres, ce qui permet de préserver une forte demande ainsi qu’une pression haussière sur les prix. Voyant que cela n’arrange pas la situation, John Law décide de mener une politique restrictive. Il fusionne la Banque générale, devenue Banque Royale, avec la Compagnie, et restreint le nombre des billets en circulation. Les cours cessent d’être soutenus et les bureaux de transactions sont transformés en bureaux de conversions, permettant de convertir les actions en monnaie. Le système s’écroule définitivement lorsqu’un arrêté (arrêt 21 mai 1720) stipule que les billets vont peu à peu être dévalorisés, alors qu’il avait été bien spécifié que leur valeur resterait stable.

Cette décision entraîne la destruction de la confiance des investisseurs dans le système. Des émeutes éclatent dans les jardins de l’hôtel Mazarin, siège de la Compagnie. Les actionnaires se retrouvent ruinés, et les ennemis du Régent et de Law pointent du doigt le désastre. À la suite de cette période d’innovation financière malheureuse, la France prend un tournant extrêmement conservateur et revient au mode de finance de l’Ancien Régime. Elle le maintiendra, jusqu’à la Révolution de 1789. Law est forcé de quitter le territoire français et finit sa vie autour des tables de jeux de Venise, ville où il meurt en 1779.
Retour