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L’effritement de l’Empire américain : un chaos ou une chance pour nous investisseurs ?

  • Photo du rédacteur: Eleonore
    Eleonore
  • 14 avr.
  • 6 min de lecture

Dernière mise à jour : 14 avr.


Le 2 avril dernier, Donald Trump se tient devant une foule de journalistes, et annonce des sanctions commerciales d’une ampleur sans précédent depuis 1930. Wall Street plonge de 12,5 % dans la foulée, un gouffre qui évoque les pires heures de 2008. Puis, quelques jours plus tard, une pause surprise de 90 jours dans sa guerre douanière, déclenche un rebond de 9,5 % du S&P 500, comme si les marchés avaient décidé de jouer aux montagnes russes. Ce n’est pas une fiction, mais une réalité de l’économie mondiale en 2025, où l’empire américain, ce colosse qui a dominé le monde depuis 1945, vacille sous le poids de ses propres choix.

Pour les investisseurs, c’est un signal clair : nous sommes à un tournant. L’ordre mondial qui a garanti la prospérité pendant 80 ans s’effrite, entrainant avec lui, des certitudes qui semblaient gravées dans le marbre. Mais dans ce chaos apparent, des opportunités se dessinent – pour ceux qui savent où regarder. Cet article plonge dans les méandres de cet effritement, explore les politiques de Trump qui secouent les fondations, et dévoile les perspectives qui pourraient transformer cette crise en aubaine. Préparez-vous : on ne parle pas ici de prudence passive, mais d’une stratégie active pour naviguer dans cette tempête.



Une histoire de 80 Ans : la mondialisation, un pari gagnant… jusqu’à aujourd’hui.

Remontons le temps. En 1945, les cendres de la Seconde Guerre mondiale fument encore. Les leaders mondiaux, échaudés par deux conflits dévastateurs en moins de 30 ans, se réunissent à Bretton Woods. Leur plan ? Tisser un filet économique si serré entre les nations qu’une nouvelle guerre deviendrait impensable. C’est la naissance de la mondialisation : un monde où le commerce lie les pays comme des cordes invisibles, rendant chacun dépendant des autres.

Les États-Unis saisissent cette opportunité avec brio. Leur économie, autrefois ancrée dans l’industrie lourde – pensez aux usines Ford crachant des voitures par milliers – pivote vers les services. Pourquoi produire des biens quand on peut les importer à bas coût depuis l’Asie ou l’Amérique latine ? Cette astuce permet de juguler l’inflation et de transformer le dollar en roi incontesté des monnaies. Les excédents commerciaux des autres pays ? Recyclés en bons du Trésor américain, finançant des déficits que personne d’autre n’aurait pu se permettre. Un privilège exorbitant (comme l’a dit Giscard d’Estaing) qui a fait des États-Unis le banquier du monde.

Mais ce système, aussi ingénieux soit-il, repose sur une confiance fragile. Aujourd’hui, cette confiance s’effrite. Pourquoi ? Parce que Trump a décidé de jouer avec des allumettes près d’un baril de poudre.


Trump et la guerre des tarifs : un bulldozer dans un jeu d’équilibre.

Donald Trump n’a jamais été un fan de la mondialisation. Dès sa campagne, il a pointé du doigt les déficits commerciaux « insoutenables » des États-Unis – 600 milliards de dollars par an avec la Chine seule – et juré de renverser la table. Sa méthode ? Une guerre tarifaire brutale, avec des droits de douane « réciproques » calibrés sur les déséquilibres bilatéraux. En clair : si vous nous taxez à 10 %, on vous taxe à 20 % pour équilibrer la balance.

Sur le papier, ça peut sembler logique. Réduire les importations, relancer l’industrie locale, ramener des emplois à « Main Street ». Mais dans la réalité, c’est un séisme. Prenons un exemple concret : une surtaxe de 25 % sur l’acier chinois. Les aciéries américaines applaudissent, mais les constructeurs automobiles, qui dépendent de cet acier bon marché, voient leurs coûts exploser. Résultat ? Des voitures plus chères, une inflation qui grimpe, et un consommateur qui serre les dents. Ajoutez à cela une chute de l’activité – les exportateurs étrangers ripostent, et les agriculteurs américains perdent des marchés comme la Chine – et vous avez la recette d’une bonne grosse récession.

Alors, pourquoi Trump persiste-t-il ? Les hypothèses fusent. Certains y voient une bravade machiste – « personne ne taxe l’Amérique impunément ! » D’autres soupçonnent une tentative désespérée de préserver le dollar comme monnaie de réserve, alors que la Chine et l’Inde gagnent du terrain. Il y a aussi une lecture plus sombre : le système actuel, perverti selon certains par des idéologies comme le « wokisme », aurait alimenté un ras-le-bol populiste que Trump exploite sans vergogne.


Mais peu importe la raison, les faits parlent d’eux-mêmes : le dollar faiblit. En début d’année, les États-Unis représentaient 70 % de la capitalisation boursière mondiale. Aujourd’hui, ce chiffre recule, et les investisseurs réduisent leur exposition américaine. La chute du « dollar index » depuis le « Jour de la Libération » ne représente que l’un des symptômes d’un mal bien plus profond.


Les marchés en folie : panique, rebond, et un message caché.

Les marchés détestent l’incertitude, et Trump leur en donne à foison. La chute de 12,5 % de Wall Street après l’annonce des tarifs ? Une réaction viscérale à la peur d’un effondrement économique. Le rebond de 9,5 % après la pause de 90 jours ? Un soupir de soulagement, mais en rien une absolution. Cette volatilité n’est pas anodine : elle révèle à quel point l’économie mondiale est devenue sensible aux tweets et aux décrets de Washington.


Mais essayons de creuser plus loin. Les obligations du Trésor américain, ces refuges censés être inébranlables, ont surpris tout le monde. Logiquement, une économie qui ralentit devrait faire baisser leurs rendements – les investisseurs anticipant des baisses de taux par la Fed. Pourtant, ils ont grimpé à des sommets, frôlant les 5 % pour les 30 ans US. Inquiétant ? La dette américaine explose. En 2024, le service de la dette a coûté 881 milliards de dollars, dépassant les 855 milliards de la défense. Une première en un siècle, selon le Congressional Budget Office. Et avec 8 000 milliards d’obligations à renouveler cette année, plus 2 000 milliards de nouvelles émissions, chaque hausse de taux est une bombe à retardement pour les États-Unis.

Trump le sait. Sa pause sur les surtaxes, représente moins un cadeau aux actionnaires qu’une bouée de sauvetage pour les Treasuries (Bons du trésor américain). Comme le note l’historien Niall Ferguson, « une puissance qui dépense plus pour sa dette que pour sa défense risque de perdre son statut. » C’est peut-être ce qui hante le président, bien plus que les fluctuations de Wall Street.


Où va l’argent ? l’Europe et les émergents en pole position.

Si l’Amérique « tousse », où les investisseurs doivent-ils se tourner ? Deux horizons se détachent : l’Europe et les marchés émergents.

L’Europe : L’Allemagne sort de sa sieste.

Le retrait américain de la défense européenne – symbolisé par les déclarations glaciales du vice-président J.D Vance à Munich (le 14 février dernier) – force l’Union Européenne à se réveiller. L’Allemagne, souvent critiquée pour son rigorisme budgétaire, passe à l’offensive. Son déficit public va grimper à 4-5 % du PIB, contre 1,5 % en moyenne depuis 75 ans. Cet argent va s’investir dans les infrastructures, l’énergie verte, et l’industrie. Sur trois ans, cela pourrait propulser la croissance de la zone euro de 0 % à 2 %, un bol d’air frais pour des pays comme la France ou l’Italie, qui profiteront de ce marché sans barrières tarifaires.

Pour les investisseurs, c’est une aubaine. Les valeurs industrielles allemandes – Siemens, Volkswagen – et les PME exportatrices pourraient en bénéficier. Sans parler de l’euro, qui devrait se renforcer face à un dollar chancelant.

Les émergents : L’Inde et la Chine deux étoiles montantes.

Au-delà de l’Atlantique, les marchés émergents attirent les regards. L’Amérique latine, portée par la « déferlante Javier Milei » en Argentine, offre des actifs sous-évalués et une gouvernance pro-croissance. Mais l’Inde vole la vedette. Avec un gouvernement stable et une croissance flirtant avec les 6 %, le pays devient un aimant pour les capitaux. Ses entreprises de la « tech » et ses entrepreneurs dynamiques – pensez à des pépites comme Tata ou Reliance – sont des paris à long terme.

La Chine, elle, ne se laisse pas abattre par les surtaxes. Pékin riposte avec une injection massive dans ses géants technologiques – Huawei, Tencent – et pourrait profiter du repli américain pour accélérer son ascension. Un dollar plus faible et des taux réels en baisse ne font qu’amplifier cet attrait.


Et maintenant ? Naviguer dans le brouillard avec agilité.

L’effritement de l’empire américain n’est pas une chute brutale, mais un glissement chaotique. Les politiques de Trump, qu’on les aime ou non, sont un miroir des tensions d’un monde en mutation. La mondialisation, qui a porté la prospérité pendant 80 ans, cède la place à une fragmentation, prémices d’un nouveau monde en construction. Le dollar vacille, les marchés tremblent, et les vieilles alliances s’effilochent.


Pour nous investisseurs, c’est à la fois un défi et une chance. Rester passif, c’est risquer de couler avec le navire américain. Mais agir avec audace – en misant sur l’Europe renaissante, les émergents dynamiques – peut transformer ce désordre en profit. La clé ? L’agilité. Si l’Amérique perd de son éclat, d’autres étoiles s’allument dans le ciel économique. À nous de les repérer. À suivre...



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