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Scénario Q3 2025 : Décrypter les signaux économiques et dessiner sa stratégie d'investissement.

  • Photo du rédacteur: Fabienne
    Fabienne
  • 9 juin
  • 7 min de lecture

L'économie mondiale aborde le troisième trimestre 2025 sur une corde raide, jonglant entre les espoirs d'un atterrissage en douceur, les craintes inflationnistes persistantes dans certaines régions, et les manœuvres délicates des banques centrales. Après une année 2024 étonnamment résiliente pour certaines économies majeures, notamment les États-Unis, 2025 s'annonce comme une année de transition, voire de normalisation forcée. Les analyses concordantes de la plupart des grandes Banques dessinent un paysage complexe, où les opportunités se nichent dans une lecture attentive des dynamiques régionales et sectorielles.

 

Ce scénario Q3 2025, se propose de décortiquer les prévisions clés, d'identifier les forces motrices et d'esquisser des pistes de réflexion pour les investisseurs avisés. Il va vous guider dans un tour d'horizon de l’économique mondiale et vous aider à prendre des décisions !


Le Tableau de Bord Global : croissance en décélération, inflation tenace et banques centrales au pivot.

1. Croissance : le ralentissement attendu (mais pas la chute Libre ?)

Le consensus général pointe vers un ralentissement de la croissance mondiale en 2025 par rapport à 2024. Les États-Unis, qui ont fait preuve d'un dynamisme remarquable en 2024 (+2,8% à +2,9% selon les estimations), devraient voir leur élan freiner significativement. Les anticipations de la croissance américaine chutent autour de +1,5% pour 2025. Cette décélération est déjà palpable, on peut noter une contraction du PIB américain de -0,1% (t/t) au T1 2025. Le moteur principal, la consommation des ménages, montre des signes de fatigue.

 

  • La zone euro, quant à elle, pourrait connaître une légère embellie, passant de (+0,8% à +0,9%) en 2024 à environ +1,1% à +1,3% en 2025/2026. Des facteurs comme l'augmentation des dépenses militaires, le soutien budgétaire (notamment en Allemagne) et le déploiement des fonds NGEU (NextGenerationEU) y contribueraient.

     

  • La Chine, après une croissance de 5% en 2024, verrait son rythme se modérer autour de 4,5% à 4,8% en 2025, pénalisée par les tensions commerciales et un secteur immobilier toujours en correction, malgré les mesures de soutien.

 

2. Inflation : des trajectoires divergentes et une désinflation incomplète.

L'inflation reste le caillou dans la chaussure de nombreuses économies. Aux États-Unis, après une modération fin 2024 (CPI à +2,7% a/a au T4 2024), une résurgence est attendue, pouvant atteindre +3,0% à +3,5% courant 2025/T2 2026 (entre +3,0% et +3,1% en 2025). Le Royaume-Uni fait face à des défis similaires avec une inflation projetée entre (+3,3% ou +2,8%) pour 2025.

 

En revanche, la zone euro semble mieux orientée. L'inflation y est attendue autour de +2,1% en 2025, se rapprochant de la cible de la BCE. On note même un taux d'inflation global dans la zone euro à 1,9% en mai 2025. Cette divergence est cruciale, car elle conditionne la marge de manœuvre des banques centrales.


3. Banques Centrales : le grand pivot, mais à quel Rythme ?

Le pic des taux directeurs semble derrière nous pour la plupart des grandes banques centrales.

  • La Réserve Fédérale américaine (Fed) : Après avoir opéré 100 points de base (pb) de baisses cumulées au second semestre 2024, la Fed pourrait maintenir sa cible de taux stable tout au long de 2025, dans une fourchette de +3,75% à +4,50%. La persistance de l'inflation américaine pourrait limiter l'ampleur et la rapidité des baisses.

  • La Banque centrale européenne (BCE) : Disposant de plus de latitude grâce à une inflation mieux maîtrisée, la BCE a déjà entamé son cycle de baisse. Les analystes prévoient que le taux de dépôt atteindra entre 1,75% à 1,50% fin 2025.

  • La Banque d'Angleterre (BoE) : Elle devrait également baisser ses taux, mais plus progressivement, avec un rythme d'une baisse par trimestre en 2025, avec un taux terminal non atteint avant 2026.

  • La Banque du Japon (BoJ) : Cas à part, la BoJ a entamé un cycle de resserrement prudent. Après avoir porté son taux directeur à +0,5% en 2024, les analystes s'attendent à une nouvelle hausse (+25 pb) au T4 2025 face à une inflation qui s'ancre durablement au-dessus de la cible de 2%.


Focus régionaux : les points clés à surveiller

  • États-Unis : l'atterrissage délicat et le spectre tarifaire.

    Le ralentissement américain est le principal point d'attention. La consommation est sous surveillance, les politiques commerciales (droits de douane) et l'environnement macroéconomique sont une menace. La Fed navigue à vue entre le risque de récession et la résurgence inflationniste. Un aspect crucial doit être observé : la compression de la prime de risque sur les actions américaines (S&P 500). Historiquement basse, cette prime, combinée à des valorisations tendues et des taux d'intérêt élevés, suggère un potentiel de hausse limité pour les actions si la croissance des bénéfices ne suit pas, malgré la confiance des investisseurs.

  • Zone Euro : une reprise fragile soutenue par des facteurs structurels.

    La zone euro bénéficie d'un alignement de planètes plus favorable : modération de l'inflation, cycle de baisse des taux de la BCE, fonds NGEU et dépenses militaires. L'Allemagne, après une période difficile (-0,1% de croissance en 2023), devrait timidement repartir (+0,5% en 2025) selon les analyses. La France, elle, affiche une croissance plus modeste (autour de +0,6% en 2025), freinée par une consommation atone et une détérioration du marché du travail.

  • Chine : entre soutien interne et pressions externes.

    Pékin continue de déployer des mesures d'assouplissement monétaire, de soutien au secteur immobilier et de relance budgétaire. La demande intérieure et la consommation privée sont des priorités. Cependant, la correction du secteur immobilier et la faiblesse de la confiance des ménages pèsent. Le secteur exportateur, moteur important, subit le contrecoup du ralentissement des échanges avec les États-Unis et de la hausse des droits de douane américains. Fait notable. Les pressions déflationnistes persistent.

  • Royaume-Uni : en quête de stabilité.

    L'activité devrait se renforcer légèrement en 2025 (+1,2% selon les analystes), soutenue par les investissements dans la défense. Le policy mix (politiques budgétaires et monétaires) s'annonce plus accommodant. Cependant, l'inflation reste nettement au-dessus de la cible, limitant l'agressivité de la BoE dans ses baisses de taux.

  • Japon : un coup d'arrêt en vue ?

    Après un modeste +0,1% en 2024, la croissance japonaise pourrait stagner en 2025 (entre +0,7% et +0,8% selon les analystes). Des facteurs ponctuels et l'incertitude liée à la politique commerciale américaine pèsent. La consommation pourrait bénéficier de la hausse des salaires, mais la demande intérieure reste structurellement faible. La BoJ reste sur une trajectoire de normalisation monétaire très graduelle.


Décryptage des marchés : qu'attendre pour le Q3 et au-delà ?

  • Taux d'intérêt et obligations : le grand écart.

    Aux États-Unis, les rendements souverains devraient baisser. Les marchés anticipent un taux 10 ans américain à 3,8% d'ici un an (actuellement autour de 4,40-4,50%). En Allemagne, les rendements des Bunds resteraient élevés (autour de 2,50-2,70%) en raison des dépenses budgétaires. Concernant le crédit, les marchés s'attendent à un élargissement des spreads (l'écart de rendement par rapport aux obligations d'État jugées sans risque), tant sur le segment de qualité (Investment Grade) que sur le haut rendement (High Yield), en ligne avec le ralentissement économique.

  • Taux de change : le dollar en retrait progressif.

    Le dollar américain, après une période de forte appréciation, devrait s'affaiblir. Les analystes ont révisé à la hausse leurs prévisions pour l'EUR/USD. On parle d'un objectif de 1,16-1,18 pour fin 2025, voire 1,22 pour fin 2026. Cette baisse serait progressive, limitée par la politique monétaire encore restrictive aux États-Unis et le différentiel de taux avec la zone euro.

  • Matières premières : pétrole sous pression, Or toujours attrayant.

    Les prix du pétrole (Brent) devraient continuer de baisser ou rester modérés. Les marchés voient le baril autour de 62-67 USD au S2 2025, citant une demande moindre.L'or, quant à lui, reste soutenu par le recul attendu des rendements réels et les incertitudes géopolitiques, malgré sa récente surperformance.

  • Actions : entre valorisations tendues et espoir d'un "Non-Atterrissage brutal".

    Le potentiel haussier des actions est au cœur des débats. Des analystes affichent un optimisme prudent, tablant sur un S&P 500 aux environs de 6260 pts d'ici un an dans un scénario "sans récession". Cela repose sur un BPA (bénéfice par action) de 308 USD et un ratio Cours/Bénéfices (P/E) de 20x. D’autres sont plus réservées concernant les actions américaines, soulignant la compression de la prime de risque. Si les bénéfices ne surprennent pas positivement, la faible rémunération du risque pris par les investisseurs pourrait freiner l'enthousiasme. Leur message clé : "Retour à une allocation d'actifs diversifiée".


La boussole de l'investisseur pour le Q3 2025 : naviguer avec prudence et agilité.

Face à ce cocktail complexe, plusieurs lignes directrices émergent pour les investisseurs :

  1. La diversification, plus que jamais : c'est le mantra. Ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier (géographique, sectoriel, classes d'actifs) est crucial dans un environnement où les performances peuvent diverger fortement.

  2. Focus sur la qualité et la résilience : privilégier les entreprises avec des bilans solides, un pouvoir de fixation des prix (pricing power) important, et des modèles économiques capables de résister à un ralentissement économique.

  3. Gestion active et sélective : un environnement de marché plus volatil et différencié favorise la gestion active, capable d'identifier les gagnants et d'éviter les perdants, par opposition à une simple réplication d'indices.

  4. Obligations : un retour en grâce (sélectif) : avec des rendements redevenus attractifs et la perspective de baisses de taux, les obligations retrouvent leur place dans une allocation. Les segments de crédit de qualité et les maturités moyennes pourraient offrir un bon couple rendement/risque. Attention toutefois à l'élargissement potentiel des spreads de crédit.

  5. Actions : prudence sur les marchés survalorisés, opportunités ailleurs : les États-Unis, malgré la résilience de leurs "Magnificent 7", affichent des valorisations exigeantes. Des opportunités pourraient se présenter sur des marchés moins chers ou bénéficiant de dynamiques spécifiques (Europe avec NGEU, certains marchés émergents).

  6. Surveiller les points d'inflexion :

    o   Politiques commerciales : Toute escalade ou désescalade sur le front des tarifs douaniers aura un impact immédiat.

    o   Données d'inflation : Elles conditionneront la trajectoire des politiques monétaires.

    o   Indicateurs avancés : Les indices PMI, la confiance des consommateurs et des entreprises donneront des signaux précoces sur la santé économique.


Conclusion : un trimestre de vigilance et d'adaptabilité.

Le troisième trimestre 2025 s'annonce riche en défis, mais aussi en opportunités pour les investisseurs capables sachant être sélectifs. Le scénario central n'est pas celui d'une crise majeure, mais plutôt d'une transition vers une croissance plus modérée et des conditions monétaires qui se normalisent lentement. La clé résidera dans la capacité à rester informé, à analyser finement les données, et à ajuster les portefeuilles avec agilité. Les vents peuvent changer rapidement, et seule une navigation prudente permettra de maintenir le cap vers ses objectifs financiers. À suivre...

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