Depuis que Meta a annoncé son changement de nom, tout s’est emballé ! Des investisseurs sont apparus, avec des projets et des fonds spécialisés. Un bref instant, toute la « Tech mondiale » a vécu au rythme du Metaverse, cette révolution qui allait changer le monde. Et puis d’un coup, plus rien ! Tout semble indiquer que l’Intelligence artificielle a pris le relais et que le Metaverse vit ses derniers instants. Nous n’y croyons pas une seconde ! On vous explique pourquoi.

Où en est le Metaverse ?

Où en est le Metaverse « depuis l’apparition de ChatGPT », devrait-on préciser ? Eh bien, il va très bien ! Des nouveautés et des créations apparaissent régulièrement comme celle de L’Oréal qui lance son Firstavatar hairstyle, ou de Gucci qui s’associe à Yuga Labs pour avancer encore un peu plus dans le Metaverse, pendant qu’Hublot imagine un stade de foot virtuel. Il y a moins d’effervescence depuis un an, mais de nombreuses initiatives surgissent régulièrement. Néanmoins, une partie du monde virtuel connaît des lendemains de fêtes plus compliqués. Les prix de l’immobilier dans Decentraland s’effondrent pendant que Roblox perd sur un an 22 % de ses abonnés. C’est globalement l’engouement du public qui baisse.

En fait, nous sommes face au dégonflement d’une bulle apparue au lendemain de l’annonce très médiatisée et réussie du changement nom de Facebook (Meta). Le Metaverse semble se poser maintenant sur une évolution plus maîtrisée, raisonnée, mais beaucoup plus lente que la période de bulle ne le laissait entrevoir. Mais il est loin de péricliter, bien au contraire.

Chief Metaverse Officer

Avez-vous entendu parler de Livi, ou de Léon le lion ? Ces deux personnages virtuels ont été présentés à l’occasion de Vivatech 2022. Livi est l’égérie de LVMH pour le Metaverse, alors que Léon le lion, développé par Publicis, est le Chief Metaverse Officer du groupe Publicis.
Inutile de préciser que si ces marques ont développé et présenté à grands coups médiatiques leur personnage virtuel, c’est qu’elles ont vraiment l’intention d’investir ce nouveau monde.
D’ailleurs, il pourrait sembler étonnant de trouver autant de marques de luxe au sein du monde virtuel. Il est plus facile de dénombrer celles qui ne sont pas présentes plutôt que l’inverse.
Ces marques trouvent ici une nouvelle façon de raconter le monde du luxe, ou une nouvelle façon de raconter leur histoire. Elles peuvent également envisager de façonner leur égérie comme de véritables influenceuses, sûrement plus faciles à piloter ici que dans le monde réel. LVMH a d’ailleurs réuni très récemment ses équipes technologiques concernées par le Web 3.0, afin d’affiner la vision stratégique du groupe.
Le Comité Colbert considère que le monde du luxe accélère ses investissements dans le Metaverse, comme dans toutes les nouvelles technologies. Nous serions à la veille d’un changement de paradigme. Mais alors où est le problème ? Pourquoi ces annonces sur la fin du Metaverse ?

Metaverse ou l’Intelligence artificielle ?

Il semble que l’IA soit venue faire une concurrence « déloyale » au Metaverse. Les grands noms de la Silicon Valley se sont retrouvés face à un choix stratégique, et leur décision est allée dans la direction qui s’imposait d’elle-même.

La loi de Moore, ou un bug stratégique majeur

La réponse à ce désamour pour le Metaverse nous vient en réalité de la célèbre « loi de Moore ». Gordon Moore, cofondateur d’Intel, avait en 1965 théorisé l’évolution de la puissance de calcul. Il avait considéré que la puissance des ordinateurs doublait tous les deux ans (en fait tous les 18 mois). Ce constat, qui s’est vérifié par la suite, a eu d’innombrables retombées en termes de stratégies et de marketing dans l’informatique et la technologie. Mais il avait également indiqué que nous atteindrions en 2017 des limites physiques dans l’évolution de la construction et de la performance des puces informatiques. Or nous y sommes : l’industrie se retrouve confrontée à une limite physique (ou matérielle) pour faire évoluer la puissance de calcul de l’informatique.  

En ce qui concerne le Metaverse et toujours chez Intel, on considère que pour faire naître le Metaverse comme l’a imaginé Meta, il faudrait tout bonnement multiplier par 1 000 l’efficacité des machines actuelles !
Par conséquent, le Metaverse mondial réunissant des milliards d’individus avec la fluidité attendue et sans aucune latence, ce n’est pas pour demain ! Dans cette même logique, l’industrie a pris conscience que si la vitesse de calcul est le point incontournable, il faudrait en plus créer des réseaux qui n’existent pas encore. Or le coût de ces investissements est astronomique. Par conséquent, la question qui arrive juste derrière est toujours la même : qui paie ? Ou plutôt qui accepte d’avancer dans cette voie, sachant que la vitesse de calcul n’est pas encore disponible ?

Un retour sur investissement évident pour l’Intelligence artificielle

Depuis l’annonce d’Open IA concernant ChatGPT, tout s’est emballé autour de l’IA. Microsoft semble avoir pris les devants par rapport à ses concurrents, ce qui enflamme tout un secteur qui ne veut pas se laisser distancer.
Par conséquent, de nombreuses entreprises sont contraintes d’accélérer leurs investissements dans l’IA. Elles se trouvent donc face à un choix stratégique : Intelligence artificielle ou Metaverse ? En définitive, la question ne se pose pas vraiment. Les investissements dans le Metaverse sont considérables pour une technologie qui n’est pas mature (vitesse de calcul) et qui nécessitera un temps très long pour rentabiliser les investissements.
L’IA en revanche, implique des investissements importants mais avec une rentabilité plus rapide. Elle va permettre en plus à toutes ces entreprises innovantes d’accélérer leur retour sur investissement, en leur permettant de diminuer leur main-d’œuvre et donc d’accroître leur productivité.
Sur un plan financier, « la messe est dite ». Sur un plan éthique, c’est une tout autre histoire, d’où les demandes (provenant notamment des concurrents de Microsoft !) pour geler l’avancée de l’IA afin de poser la vision éthique, et leur permettre éventuellement de rattraper leur retard.

Nous sommes donc face à un arrêt de l’investissement massif dans le Metaverse. Mais cette machine est lancée, elle répond à des besoins concrets et va poursuivre son évolution. Elle va s’adapter au fil du temps, en passant par des stades intermédiaires.

Le MAAS : « Metaverse As A Service »

Le Maas, ou « Metaverse as a service », fait une entrée remarquée dans le monde de l’entreprise. C’est une solution qui permet à l’entreprise de développer sa présence dans la réalité virtuelle et augmentée, en tirant parti des infrastructures existantes. Moins d’investissements en amont, pour répondre aux besoins des entreprises, c’est parfait !
C’est ainsi que l’on retrouve Nokia qui connecte, via le Metaverse, des techniciens géographiquement très éloignés (entre l’Australie et l’Allemagne) afin de leur permettre de collaborer plus efficacement. On retrouve encore Nokia chez l’avionneur Cessna, mais cette fois dans un but de formation.
Renault, de son côté, a équipé ses sites de fabrications et obtient des gains de productivité très importants. Le groupe automobile ambitionne d’aller encore plus loin dans le cadre de son programme« industrie 4.0 » afin d’augmenter sa productivité et de faire baisser le prix de vente de ses véhicules. C’est un stade d’évolution cohérent, en attendant de briser le plafond de cette vitesse de calcul. La réponse sera-t-elle dans l’ordinateur quantique dès 2024 comme l’indique IBM ? ou plutôt dans 10 ans comme le prévoient d’autres visionnaires ?  

Le Metaverse est loin de s’éteindre, bien au contraire. Mais il ne va pas correspondre à la vision de Mark Zuckerberg dans un premier temps, la technologie ne le permet pas. En revanche, bon nombre de grandes entreprises ont déjà investi le Metaverse via la réalité virtuelle et augmentée leur permettant de répondre à de multiples problématiques et de cas d’usages qui vont s’étendre au fil du temps. Nous sommes juste au début de l’histoire ! À suivre…