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OpenAI déjà en faillite ? Révélations sur le gouffre financier qui menace l'empire de l'IA.

  • Photo du rédacteur: Pascal Faccendini
    Pascal Faccendini
  • 15 déc.
  • 5 min de lecture

Dernière mise à jour : 16 déc.

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Derrière l'interface épurée de ChatGPT se cache une réalité beaucoup moins simple : OpenAI est un gouffre financier. C'est un fait établi. Mais l'ampleur des dégâts, pour cette entreprise non cotée en bourse, reste difficile à appréhender. Une récente analyse de la banque HSBC vient toutefois lever le voile, et les chiffres donnent le vertige. Pour continuer à financer ses pertes tout en poursuivant sa croissance fulgurante, OpenAI devrait lever pas moins de 207 milliards de dollars d'ici 2030.

Cette somme colossale pose une question simple et brutale, une question qui agite tout le secteur de la tech : la locomotive de l'intelligence artificielle est-elle déjà, virtuellement, en faillite ? Et si oui, qui paiera la facture ?


La fuite en avant d'OpenAI, des coûts stratosphériques.

Pour comprendre la situation, il faut regarder ce que l'on ne voit pas : l'infrastructure. L'IA générative est la technologie la plus énergivore jamais conçue. Chaque requête d'un utilisateur, chaque ligne de code générée, chaque image créée consomme une puissance de calcul phénoménale. Et cette puissance a un coût exorbitant.

OpenAI s'est lancée dans une frénésie de dépenses qui défie l'entendement. Fin octobre, l'entreprise a signé un contrat de location de puissance de calcul cloud avec son principal partenaire, Microsoft, pour 250 milliards de dollars. Quelques semaines plus tard, un autre contrat de 38 milliards de dollars était annoncé avec Amazon. Ces engagements portent la puissance de calcul souscrite par OpenAI à 36 gigawatts, soit l'équivalent de la consommation de plusieurs millions de foyers.

Les projections de HSBC, basées sur ces contrats, sont effarantes. Si seulement un tiers de cette puissance est opérationnelle d'ici la fin de la décennie, la facture annuelle de location des centres de données pourrait atteindre 620 milliards de dollars par an. Le modèle prévoit des coûts de location totaux de 792 milliards de dollars d'ici 2030, et qui grimperaient à 1 400 milliards d'ici 2033. Pour mettre ce chiffre en perspective, le chiffre d'affaires annuel de Google en 2029 devrait être d'environ 577 milliards. OpenAI s'engage donc à dépenser bien plus que ce que les géants actuels de la tech ne génèrent en revenus.

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Une course aux revenus semée d'embûches.

Face à ce mur de dépenses, il y a bien sûr la colonne des revenus. Et là aussi, les prévisions sont explosives. HSBC anticipe une croissance en "courbe en S", visant 3 milliards d'utilisateurs d'ici 2030, soit 44% de la population adulte mondiale hors Chine. Les revenus suivraient, passant de 12,5 milliards de dollars en 2025 à plus de 213 milliards en 2030. Une croissance fulgurante.

Le miroir aux alouettes de la croissance.

Mais c'est là que le bât blesse. Car même avec cette croissance spectaculaire, les coûts augmentent en parallèle. L'analyse du compte de résultat prévisionnel d'OpenAI par HSBC est sans appel : l'entreprise devrait continuer à subventionner massivement ses utilisateurs pendant une bonne partie de la décennie. En 2030, malgré plus de 200 milliards de revenus, la perte opérationnelle estimée serait encore de près de 18 milliards de dollars.

Ces revenus reposent sur des hypothèses fragiles. HSBC prévoit que 10% des utilisateurs deviendront des clients payants d'ici 2030, contre à peine 5% aujourd'hui. Elle suppose aussi que les sociétés d'IA capteront 2% du marché publicitaire numérique, un marché où elles partent de zéro. Autant dire que le chemin est long et incertain.


Un écosystème sur la corde raide, qui paiera les pots cassés ?

Alors, comment une entreprise peut-elle s'engager à dépenser des sommes qu'elle ne possède pas pour des revenus qu'elle n'est pas certaine de générer ? La réponse se trouve dans la structure même de l'écosystème de l'IA.

L'étrange pari de Sam Altman.

Le PDG et négociateur en chef d'OpenAI, Sam Altman, est au cœur de cette stratégie du "quoi qu'il en coûte". Il a personnellement négocié des accords de plusieurs milliards de dollars avec tous les géants du secteur : Microsoft, Nvidia, Oracle, AMD, Broadcom, Amazon. Or, et c'est un point crucial, Sam Altman a affirmé à plusieurs reprises qu'il ne détenait aucune participation financière dans OpenAI et n'en détiendrait pas.

Comme le souligne un expert en gouvernance de l'université de Berkeley, "Altman a tout à y gagner en termes d'influence si tout se passe bien, mais ne subira aucune conséquence financière directe en cas d'échec. Il peut s'engager pour 1 000 milliards de dollars, soit il utilise l'argent, soit il renégocie, soit il se retire. Sur le papier, il n'a rien à perdre."

Le "Filet de Sécurité" des géants de la Tech.

En réalité, OpenAI n'est pas seule. Elle est devenue si centrale que son destin est lié à celui de toute l'industrie. On peut ici reprendre la célèbre citation de l'économiste John Maynard Keynes, souvent adaptée : « Si vous devez 100 000 dollars à la banque, c'est votre problème. Si vous devez 100 millions de dollars à la banque, c'est le problème de la banque. »

OpenAI doit des centaines de milliards de dollars à Microsoft, Amazon, Nvidia et d'autres. Ces derniers ne peuvent tout simplement pas se permettre de la voir faire faillite. Microsoft, qui détient 27% du capital, a tout misé sur l'intégration de l'IA d'OpenAI dans ses produits. Oracle, Nvidia, AMD et Broadcom ont vu leur capitalisation boursière bondir de 636 milliards de dollars collectivement les jours où leurs accords avec OpenAI ont été annoncés. L'échec d'OpenAI provoquerait un séisme sur les marchés.

Cet écosystème fonctionne donc en circuit fermé. Les géants de la tech financent OpenAI, qui en retour leur achète pour des centaines de milliards de dollars de services et de matériel, ce qui fait grimper leur valorisation boursière. Tout le monde se tient par la main, en pariant que les produits seront assez révolutionnaires pour, un jour, générer des profits réels.


La bulle des data centers, l'infrastructure de l'IA en surchauffe.

Cette frénésie autour d'OpenAI a créé une vague d'investissements colossale dans le secteur des centres de données. La banque d'affaires Goldman Sachs a récemment sonné l'alarme, s'interrogeant sur le découplage entre la demande effrénée et la capacité réelle à monétiser ces infrastructures.

Leur rapport esquisse plusieurs scénarios. Le plus probable est un équilibre tendu, avec un pic d'occupation des infrastructures à 93% en 2026. Mais un scénario "baissier" est aussi envisagé : si les utilisateurs refusent de payer pour les services d'IA, comme Copilot de Microsoft, la demande de puissance de calcul s'effondrerait, créant un surplus d'offre massif et une crise de rentabilité. À l'inverse, un scénario de "surchauffe" verrait des applications comme la génération de vidéo par IA submerger une offre peinant à suivre.

Les géants du capital-investissement comme Blackstone ou Apollo surfent sur cette vague, mais avec prudence, en sécurisant des baux de très longue durée (plus de 15 ans) avant même de lancer la construction. Cela illustre la dualité du marché : une excitation à court terme, mais une grande prudence à long terme.


Conclusion : investissement d'avenir ou bulle spéculative ?

Alors, OpenAI est-elle en faillite ? Techniquement, non. L'entreprise continue de lever des fonds et ses partenaires ont tout intérêt à la maintenir à flot. Mais économiquement, son modèle est celui d'une fuite en avant. Elle vit sous perfusion d'un écosystème qui parie sur une croissance future des revenus pour justifier des dépenses présentes.

La question fondamentale demeure : les fortunes colossales qui se bâtissent aujourd'hui dans l'écosystème des data centers et de l'IA sont-elles un investissement d'avenir ou le prélude au dégonflement spectaculaire d'une bulle spéculative ?

Pour l'instant, personne n'a la réponse, pas même Sam Altman. Les paris sont ouverts. À suivre...

 

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